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Retraité des parquets depuis son départ d’Aix, en juin 2015, Benjamin Briffe vit depuis aux États-Unis, où il a rejoint sa femme. L’occasion pour lui de se frotter au (tout petit) monde du handball US. L’arrière droit passé par Toulouse et Cesson-Rennes raconte.
Le corps qui grince, la perspective d’une nouvelle vie, un diplôme déjà en poche, voici la liste qui a poussé Benjamin Briffe à raccrocher les baskets à l’été 2014, après trois belles saisons à Cesson-Rennes. « C’était le bon moment, oui, souffle l’arrière droit qui a alors 27 ans. J’ai rencontré ma femme, qui est américaine, à Toulouse, et elle est repartie vivre à New York. J’avais mon diplôme de kiné, je me suis dit que l’aventure valait le coup. »
Une aventure qui prend tout de même un peu de retard, avec un problème de visa qui l’oblige à revenir à la maison… et à accepter une dernière pige de six mois, à Aix. « Mais j’étais blessé à l’épaule, je n’ai presque pas joué. Le signal était clair, mon corps ne tenant plus la route, il fallait arrêter », sourit le gaucher.
Un mariage plus tard, le voilà enfin définitivement installé à New York, pour une nouvelle vie, à l’été 2015. Une nouvelle page qui s’ouvre… mais pas sans handball. « Ma femme faisait du hand au New York City Team Handball Club, donc j’ai suivi, se souvient-il. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre, et j’ai été agréablement surpris par le niveau. Pour le reste, niveau organisation, c’est le système D ! » Dans un pays où le handball n’existe pas, ou presque, il faut en effet se débrouiller pour trouver des créneaux dans un gymnase, et installer soi-même les lignes, et notamment la zone. « On sort la ficelle de 6m, et hop, un peu de géométrie, rigole le Breton. Au début, on disposait d’un gymnase avec de vrais buts, mais c’est malheureusement fini. Maintenant, ce sont des buts gonflables, comme les U9 chez nous. »
« Grâce à ce club, je peux dire que j’ai des potes un peu partout »
Des conditions précaires largement compensées par l’ambiance d’un club franchement cosmopolite, avec une myriade de nationalités. « C’est tout simplement la meilleure façon de se faire des potes quand tu arrives là-bas, estime Benjamin Briffe. D’ailleurs, on est surtout là pour rigoler et boire des bières. On fait juste un peu de handball entre les deux (rires). » Un peu de handball mais un objectif clair chaque saison : remporter le titre de champion des USA. Un championnat découpé en quatre ligues géographiques, au sein desquelles plusieurs tournois sont organisés tout au long de la saison. « Impossible de jouer chaque week-end, ce serait bien trop coûteux », précise notre Frenchy. Le tournoi final a lui lieu une fois par an, et l’ancien Cessonnais présente désormais un palmarès de deux titres de champion, pour deux défaites en finale.
Des joutes locales auxquelles le président d’origine kosovarde, Shkumbin Mustafa, dit « Bini », s’efforce d’ajouter des tournois internationaux, afin de renforcer l’image du club et son développement. De Buenos Aires à Riyad, le club new-yorkais s’exporte, et se frotte aux meilleurs. « Là, ce n’est que du plaisir, on est là pour profiter », précise Romain Briffe, le grand frère de Benjamin. « Pour le niveau, c’est plus difficile, notamment physiquement. Je situe notre niveau entre le haut de tableau N3 et le milieu de tableau N2. En août dernier, on a participé au Super Globe, en Arabie Saoudite, et on a fait un stage à Montpellier, durant une semaine. On a joué des N1, et on a pris des branlées (sourire). On a de bons joueurs, mais ils commencent à prendre de l’âge. Et puis, sans véritable préparation, ça devient compliqué. Mais je pense qu’on a tout de même fait bonne figure, avec nos armes. »
La performance pure n’est de toute façon plus le moteur de l’ex-Toulousain, qui cultive en revanche ses amitiés. « Grâce à ce club, je peux dire que j’ai des potes un peu partout, en Allemagne, en Égypte, au Japon ou au Luxembourg. C’est une grande richesse, décrypte celui qui a désormais déménagé à Miami, en compagnie de sa femme et de sa petite fille. J’ai une vie bien remplie, mais j’essaie, quand je le peux, d’aller m’entraîner avec l’équipe locale une fois par semaine. Ils viennent de créer le club, ils ont la gentillesse de m’accueillir. » Pas question, en revanche, de tourner le dos au club de New York, qui devrait pourvoir compter sur son gaucher pour le prochain championnat US. « Je pense que je le ferai avec eux, oui », conclut celui qui visera alors un troisième titre national. En attendant d’autres nouvelles aventures…
Benoît Conta