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SUR LA ROUTE DE CLEOPATRE DARLEUX
2 juin 2020
2 juin 2020

Maman d’une petite Olympe depuis le mois de novembre, Cléopatre Darleux avait effectué un retour express à la compétition, durant le mois de février, sous les couleurs de Brest. Un retour gagnant à l’image d’une carrière que la gardienne alsacienne mène tambour battant.

D’Est en Ouest. Désireux de découvrir le parcours de Cléopatre Darleux ? Alors ouvrez une carte de France, et parcourez avec nous les 1000 kilomètres qui séparent Mulhouse de Brest. Bon, on vous prévient quand même, il y aura quelques détours. Mais commençons du côté de Mulhouse, où la jeune Cléopatre pousse son premier cri, à l’aube du mois de juillet 1989, dans un foyer où l’attendent déjà quatre grands frères et deux grandes soeurs (sans oublier les deux petits frères qui suivront ensuite !). Une solide fratrie de neuf enfants qui se scinde en deux à l’heure de choisir un sport. Si le rugby attire les garçons, ce sera le handball pour les filles. "C’était le sport pratiqué par notre maman, sourit Léa, la grande soeur. J’ai commencé en primaire, et Cléopatre a suivi quelques années après."

Et très vite, la jeune fille se démarque. "Elle a d’abord joué sur le terrain, notamment quand c’était mixte, puis lorsque l’on est passé sur une section féminine, elle a commencé à alterner une mi-temps sur le terrain, puis une autre dans le but. Si elle était douée des deux côtés, c’est dans le but qu’elle est sortie du lot", explique Léa. Très vite, la gardienne de but apparaît dans les radars fédéraux. "Etant dans le Grand Est moi aussi, j’ai entendu parlé d’elle très jeune, autour de ses 15/16 ans, confirme Olivier Krumbholz, le sélectionneur de l’équipe de France. Elle avait déjà de grosses qualités dans la lecture du jeu, dans l’équilibre de ses parades. Il y avait beaucoup de talent chez elle." Un talent qui doit très tôt faire ses premières valises, pour intégrer le Pôle Espoirs de Strasbourg, puis le centre de formation de Besançon.

Une première expérience à Brest en 2011

Le passage chez les pros s’opère à l’âge de 18 ans, du côté d’Issy-les-Moulineaux, pour deux saisons, avant de migrer à Metz, le club référence dans l’Hexagone. "Son parcours est assez linéaire jusqu’au haut niveau, analyse sa soeur. C’est quelqu’un de très déterminée et quand elle entreprend quelque-chose, c’est pour aller au bout." De son côté, le sélectionneur estime que sa gardienne, appelée très tôt chez les Bleues, a su évoluer pour gravir les échelons. "Elle a d’abord passé les étapes juste sur son talent. Mais elle a su comprendre au fur et à mesure qu’il fallait y ajouter du travail, juge le technicien. Pour s’installer au haut-niveau, il faut bosser, surtout à ce poste, où l’on se doit d’être assez autonome dans son travail." Championne de France et vice-championne du monde, Cléopatre évolue cependant encore dans l’ombre imposante d’Amandine Leynaud.

Pour voler de ses propres ailes, elle décide de traverser la France, pour atterrir à Brest, où le club, qui s’appelle alors Arvor 29, nourrit de fortes ambitions. "Elle avait alors 22 ans, et on a décidé d’aller la chercher car elle représentait l’avenir du handball français, glisse Laurent Bezeau, l’entraîneur du club breton. Je pense qu’il ne faut pas avoir peur de jouer la carte de la jeunesse. Cléo était quelqu’un de très compétent, avec beaucoup de tempérament." Et l’idée fonctionne puisque le club finistérien décroche la Coupe de la Ligue et le titre de champion de France, tandis que l’internationale tricolore est elle désignée meilleure gardienne de LFH. De quoi partir aux Jeux olympiques de Londres gonflée à bloc. Une compétition qui se termine de façon amère en quarts de finale pour les Bleues, tandis que Cléopatre Darleux doit en plus composer avec la relégation administrative de son club, pour des raisons financières.

Le Danemark, Nice puis le retour en Bretagne…

Le rebond s’effectue finalement au Danemark avec deux saisons à Viborg, avant de revenir en France, du côté de Nice. La comète Darleux connaît alors des hauts, à l’image de sa victoire en Coupe d’Europe avec le club danois, mais aussi des bas, avec de nombreux pépins physiques. Les apparitions chez les Bleus se font alors plus sporadiques. "Elle n’a pas été là tout le temps, non, confirme le sélectionneur. Mais c’est un poste où il y a une concurrence féroce, et au gré des blessures… Mais Cléo a toujours su revenir." Abandonner n’est en effet pas une option pour la portière. "Elle a un mental de gagnante, analyse Laurent Bezeau. C’est un vrai félin, avide de victoire. Dans n’importe quel jeu, même à l’échauffement, elle veut gagner." Une volonté de se dépasser qui n’empiète cependant pas sur la vie de groupe. "C’est quelqu’un de facile à vivre, de très joyeux. Elle est toujours de bonne humeur", confirme Krumbholz.

Une joie de vivre décuplée depuis l’été 2016, depuis que Brest, de retour au plus haut niveau, est revenu toquer à sa porte. "On était restés en contact et elle s’est montrée tout de suite intéressée", souffle son coach. "Elle avait adoré son passage là-bas, souligne Léa Darleux. Elle était appréciée des Brestois et a bien aimé la vie bretonne. Aujourd’hui, elle a tout pour être heureuse là-bas, même si c’est un peu loin de l’Alsace. Elle a son cocon personnel et un club très investi, avec de grosses ambitions." De quoi lui permettre de retrouver l’équipe de France, avec un titre mondial décroché en 2017. "Le fait qu’elle se soit stabilisée à Brest, avec un vrai projet de vie, lui a beaucoup apporté, estime le patron des Bleues. Quand on est bien dans sa vie, on est bien dans son handball. Aujourd'hui, elle apporte toute son expérience et sa maturité au groupe." Reste à gérer les pépins physiques, qui l’auront notamment privée de l’Euro 2018, joué à domicile. "Sur ce point, elle a progressé, notamment dans la gestion de ses efforts", glisse Bezeau.

Des efforts, Cléopâtre Darleux en a toutefois de nouveau demandé à son corps, après la naissance de fille, Olympe, au mois de novembre. Décidée à revenir au plus vite sur les terrains, la Brestoise a mis les bouchées doubles. "Elle a fait des efforts invraisemblables pour revenir, elle a été très dure avec elle-même, explique son entraîneur. Elle a rejoué durant le mois de mars, et revenait plutôt bien avant cette crise du Covid. Maintenant c’est peut-être un mal pour un bien car elle va pouvoir digérer tous ces changements. La saison qui arrive sera très importante, avec notamment un Euro et surtout les Jeux, à l’été 2021." Les voyages de Cléopatre ne sont pas encore terminés…

Benoît Conta

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